PROFIL AXE SUR CCE
Maroc
Contenu
Nous encourageons les pays à donner leur avis sur les profils pour nous aider à les garder exacts et à jour. Veuillez contacter le Rapport GEM (education.profiles(at)unesco.org) ou le projet MECCE (mecce.info(at)usask.ca) pour donner votre avis. Les profils de pays sont également disponibles sur le site Web du Rapport GEM Profiles Enhancing Education Reviews (PEER) à l’adresse education-profiles.org.
Ce profil a été revu par des experts nationaux.
CONTEXTE
I) Contexte lié au changement climatique
Le Maroc dépend fortement de ses ressources naturelles et il est donc très vulnérable aux impacts du changement climatique. Les pénuries d’eau, l’insécurité alimentaire, la désertification et l’érosion du littoral sont des problèmes croissants au Maroc. En outre, les migrations liées au climat ont tendance à déplacer les gens vers des zones urbaines à forte densité de population, ce qui accroît la pression sur l’approvisionnement en ressources.
L’Atlas Mondial du Carbone (2019) rapporte que les émissions de carbone sont d’environ 2tCO2 par personne dans le pays, ce qui fait du Maroc un pays à faible taux d’émission. Le secteur de l’énergie est le secteur le plus émetteur, contribuant à environ 69% des émissions totales du pays. Le Climate Action Tracker qualifie les objectifs des Contributions déterminées au niveau national du Maroc de « suffisants », ce qui fait du Maroc le premier pays (parmi ceux qui sont évalués par le Climate Action Tracker) dont les objectifs sont conformes à la limitation du réchauffement climatique à 1,5°C, prévu dans l’Accord de Paris. En 2018, le Maroc était en tête des pays africains en termes d’efforts de lutte contre le changement climatique, selon l’indice de performance climatique, témoignage de son engagement en faveur de l’Accord de Paris sur l’action climatique.
Le Maroc est un pays Hors Annexe I (ou non industrialisé) de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), qu’il a ratifiée en 1995. Le pays a ratifié le Protocole de Kyoto en 2002, l’Amendement de Doha (deuxième période d’engagement du protocole de Kyoto) en 2014, et il a signé et ratifié l’Accord de Paris en 2016.
II) Administrations publiques concernées
Changement climatique
Au Maroc, diverses administrations publiques mettent en œuvre des programmes liés au changement climatique pour protéger l’environnement, préserver et valoriser la biodiversité, lutter contre la pollution industrielle, la désertification et la déforestation.
L’une des principales administrations publiques est le Ministère de l’énergie, des mines et de l’environnement, qui a pour mission générale de gérer les ressources naturelles et l’environnement du pays et qui est soutenu au niveau local par des observatoires régionaux de l’environnement. Le Département de l’environnement, qui est le centre national de coordination de l’action pour l’autonomisation climatique (AAC) dans le cadre de la CCNUCC, dépend du Ministère de l’énergie, des mines et de l’environnement. Pour ce qui est du renforcement de la gouvernance climatique, une Commission nationale des changements climatiques et de la diversité biologique a été établie au sein du département de l’environnement. En outre, le Secrétariat d’État auprès du ministre de l’énergie, des mines et du développement durable joue un rôle dans la sensibilisation au changement climatique.
Le Haut Commissariat au Plan est l’office national marocain de la statistique. Il effectue des mesures statistiques et permet de quantifier un certain nombre de questions, notamment les variables environnementales liées à la gestion durable des ressources naturelles, les effets du changement climatique et les risques de catastrophes naturelles.
Le Ministère de l’agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts soutient la stratégie agricole marocaine « Génération green 2020-2030 » et a établi un cadre pour gérer les défis de l’adaptation du secteur agricole et para-agricole aux impacts du changement climatique.
Éducation et communication
Le Ministère de l’éducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique est l’organisme central qui pilote et assure la coordination des établissements d’enseignement supérieur au Maroc. Le Ministère a pris plusieurs mesures officielles pour introduire les questions d’environnement et de changement climatique dans le système éducatif aussi bien formel qu’informel. La première de ces actions a été de créer la Direction de l’évaluation, de l’organisation de la vie scolaire et des formations inter-académies.Cette Directiona pour mission de promouvoir la vie scolaire et les activités extrascolaires dans les écoles. Cette Direction travaille de concert avec la Direction des curricula pour introduire des modules liés à l’environnement et au développement durable dans les programmes d’enseignement, à tous les niveaux de l’éducation formelle.
La Politique du Changement Climatique au Maroc indique que le Département de la communication est également chargé de « la sensibilisation, de la responsabilisation des acteurs et du renforcement des capacités » (p. 23) ; cependant, aucune information complémentaire sur cet engagement n’avait été rendue publique lors de la réalisation de ce profil.
La Fondation Mohammed VI pour la protection de l’environnement a été créée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI en 2001. Elle constitue l’un des principaux organismes de financement des programmes liés à l’éducation relative au changement climatique et au développement durable et travaille en étroite collaboration avec le gouvernement. Le Centre international Hassan II de formation à l’environnement est le lieu de diffusion des initiatives de formation et d’éducation de la Fondation.
III) Lois, politiques et programmes concernés
Changement climatique
Le Maroc a adopté plusieurs lois, politiques et programmes liés au changement climatique qui tiennent compte de l’importance de la protection de l’environnement pour le bien des générations actuelles et futures.
L’article 31 de la Constitution marocaine (2011) prévoit que « tous les citoyens ont droit à un environnement sain » (p.11). L’article 71 de la Constitution précise dans quelle mesure le gouvernement est responsable de la protection et de la sauvegarde de l’environnement et prévoit que les citoyens et le gouvernement doivent « respecter les règles relatives à la gestion de l’environnement, à la protection des ressources naturelles et au développement durable » (p. 21).
La loi n° 11-03 de 2003 relative à la protection et à la mise en valeur de l’environnement sert de cadre juridique qui établit les règles de base et les principes généraux de la politique nationale dans les domaines de la protection et de la mise en valeur de l’environnement. Cependant, la loi ne mentionne pas l’éducation au changement
La loi n° 12-03 (2003) relative aux études d’impact sur l’environnement vise à évaluer l’impact direct de différents projets sur l’environnement et, en particulier, sur la faune, la flore, le sol, l’eau, l’air, le climat et les équilibres biologiques.
La loi 28-00 sur la gestion déchets et leur élimination (2006) vise à protéger la santé des humains, des animaux, des plantes, de l’eau, de l’air, du sol, des écosystèmes, des paysages et de l’environnement en général contre les effets nocifs des déchets. Elle a également fixé un objectif de recyclage de 20 % des déchets plastiques du pays d’ici 2020.
Le Plan Maroc Vert (2008) définit la stratégie agricole du pays jusqu’en 2020 et comprend des objectifs visant à augmenter la croissance, à réduire la pauvreté et à assurer la durabilité à long terme. Le plan propose des pratiques innovantes majeures pour promouvoir l’adaptation au changement climatique et son atténuation. Le Ministère de l’énergie, des mines et de l’environnement est en train de doter toutes les régions de Plans Climat Régionaux (PCR).
La loi n° 47-09 relative à l’efficacité énergétique (2009) vise à accroître l’efficacité énergétique dans l’utilisation des sources d’énergie, à réduire la production de déchets, à réduire les coûts énergétiques pour l’économie nationale et à renforcer le développement durable.
La loi-cadre 99-12 portant Charte nationale de l’environnement et du développement durable (2014), publiée par le Ministère de l’énergie, des mines et de l’environnement, encadre la gestion de l’eau et des déchets solides tout en préservant les ressources et les espaces naturels. La loi souligne l’importance de l’éducation environnementale, de l’accès du public à l’information et de la participation du public en matière de protection de l’environnement et de développement durable. Cette loi est la première de cette nature en Afrique et dans le monde arabe. Bien qu’elle ne fasse pas expressément mention du changement climatique, elle est importante pour le changement climatique en général.
La politique du changement climatique au Maroc (2014), publiée par le Ministère de l’énergie, des mines et de l’environnement, donne l’orientation de la vision climatique du Maroc. Cette politique vise à coordonner les différentes stratégies et programmes climatiques déjà lancés dans le pays, en établissant un cadre opérationnel applicable jusqu’en 2040. Elle établit un programme continu et structuré de recherche sur le climat, assure la coopération et la coordination entre les institutions impliquées dans la recherche sur le changement climatique, et favorise le développement de techniques et de technologies innovantes d’adaptation au changement climatique et son atténuation. Elle encourage également la promotion de la communication et de l’éducation au changement climatique dans les écoles en prévoyant le développement de programmes spécifiques.
La loi 77-15 (communément appelée loi Zéro Mika) (2016) a interdit la production, l’importation, la vente et la distribution de sacs en plastique à usage unique dans tout le pays, dans le cadre d’un effort plus large de prise de conscience environnementale visant à adopter des comportements plus écologiques.
Le Maroc dispose également d’une stratégie nationale de développement durable (2017), qui vise à assurer un avenir durable à la population marocaine. La stratégie a pour but d’intégrer une gestion environnementale responsable aux stratégies d’adaptation au changement climatique. La stratégie s’aligne sur les pratiques internationales, telles que l’Accord de Paris, et porte sur les défis de développement durable auxquels fait face le Maroc : la lutte contre le changement climatique, la lutte contre la désertification et la protection de la biodiversité.
La loi-cadre 31.13 (2018) définit l’étendue du droit d’accès du public à l’information en relation avec l’article 31 de la Constitution.
Le Plan National de l’Eau (2020-2050) est un projet de feuille de route élaboré pour relever les défis relatifs à l’eau dans le pays pour les trente prochaines années. Il couvre tous les aspects liés au secteur de l’eau et aura un coût de près de US$40 milliards.
Le Plan Climat National à Horizon 2030 (2019) détermine les grandes lignes d’une vision nationale qui prévoit d’accroître la résilience du Maroc tout en assurant une transition rapide vers une économie sobre en carbone. En outre, le plan mentionne que l’éducation au développement durable est une priorité et qu’elle conduira à un changement de comportement et, par conséquent, à la protection de l’environnement.
En 2021, le Maroc a présenté le programme d’un Nouveau modèle de développement, qui offre une vision fondatrice des programmes à venir du Maroc à l’horizon 2035. Le Programme attire particulièrement l’attention sur le changement climatique en déclarant que « les citoyens doivent avoir accès à un environnement sain, favorable au bien-être, où la biodiversité est préservée, résilient au changement climatique et permettant une utilisation rationnelle des ressources naturelles » (p.146). Cependant, le programme ne fait aucune référence à l’éducation ou à la communication sur le changement climatique.
Le Maroc met davantage l’accent sur l’adaptation que sur son atténuation, ce qui apparaît clairement dans ses Contributions déterminées au niveau national (CDN) de 2016. La CDN du Maroc est classée troisième dans l’Indice de performance du changement climatique 2020 après la Suède et le Danemark, en raison du potentiel de réduction des émissions du Maroc grâce aux énergies renouvelables et de son cadre de gouvernance favorable. La CDN précise que le pays est en train de développer un Programme national d’adaptation, en cours de finalisation lors de la rédaction de ce profil, pour mieux coordonner ses politiques d’adaptation.
Éducation et communication
Bien qu’aucune loi, politique ou plan ne prévoie explicitement la mise en œuvre de la communication et de l’éducation au changement climatique au Maroc, le pays met l’accent sur l’éducation environnementale et l’éducation pour le développement durable.
La loi-cadre 2014 de 99-12 portant Charte nationale de l’environnement et du développement durable fixe des objectifs fondamentaux pour l’action de l’État en matière de protection de l’environnement et de développement durable, et souligne l’importance de les intégrer dans le curriculum national. Les articles 17, 22, et 32 affirment plus précisément l’importance de l’éducation environnementale dans la promotion des comportements individuels et collectifs afin de protéger l’environnement et de favoriser le développement durable :
“Les systèmes d’éducation et d’enseignement, les programmes de formation et de formation professionnelle sont adaptés dans le but d’y introduire les principes et les orientations énoncés dans la présente loi-cadre et notamment d’y créer des disciplines spécialisées en matière d’environnement et de développement durable. La culture de la protection de l’environnement et du développement durable doit être une partie intégrante des cursus de savoir, de savoir-faire et de savoir-être dispensés dans le cadre desdits systèmes et programmes. “
– Loi-cadre 2014 de 99-12 portant Charte nationale de l’environnement et du développement durable, 2014, p. 6
La Charte nationale d’éducation et de formation (2000) met l’accent sur le rôle d’une éducation et d’une formation de qualité pour les enseignants mais ne fait pas référence à la formation aux questions liées au changement climatique.
Le Cadre national des programmes scolaires, connu sous le nom de Livre blanc (2002), définit les lignes directrices du système éducatif marocain et les orientations des programmes scolaires pour chaque cycle d’enseignement. L’ouvrage est structuré en huit parties; les trois premières concernent l’enseignement primaire et secondaire et recommandent d’intégrer les questions environnementales, y compris le changement climatique, dans les programmes des matières relevant des sciences sociales. Les cinq autres parties traitent des programmes d’études de l’enseignement secondaire : Arts et lettres ; Éducation authentique et éducation scientifique.
La Stratégie nationale de développement de la recherche scientifique à l’horizon 2025 a été élaborée en 2006 par le Ministère de l’éducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique. La stratégie met en lumière les orientations de recherche de différentes institutions, dont certaines, telles que le Centre national de la recherche forestière, accordant la priorité à la recherche sur les questions liées au changement climatique telles que la protection de l’environnement, le développement durable, la mise en valeur des ressources naturelles et la biodiversité.
Le Conseil supérieur marocain de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique a publié une Vision stratégique de la réforme (2015-2030) qui développe une perspective nationale pour le secteur de l’enseignement supérieur au Maroc et définit 23 projets prioritaires. Si les priorités soulignent l’importance d’une citoyenneté active et de l’adaptation des écoles en fonction des ambitions de développement durable, la stratégie ne mentionne pas la communication et l’éducation au changement climatique.
La Charte nationale médias, environnement et développement durable de la Haute Autorité de la communication audiovisuelle (2017) encourage la sensibilisation du public aux enjeux et actions liés au changement climatique, notamment en augmentant l’impact des médias nationaux du Maroc.
IV) Terminologie utilisée pour l’éducation et la communication sur le changement climatique
La plupart des politiques marocaines traitant spécifiquement du changement climatique font référence à la communication et à l’éducation au changement climatique en termes de « sensibilisation du public » et de « préservation de l’environnement », avec quelques références à « l’éducation pour le développement durable » ou « l’éducation environnementale ». Par exemple, la Stratégie nationale de développement durable (2017) prévoit que :
“Renforcer l’écocitoyenneté constitue l’une des grandes priorités de la Stratégie Nationale de Développement Durable… Il s’agit donc pour chaque citoyen de se comporter quotidiennement en acteur de la préservation de l’environnement, en accomplissant des éco-gestes dans la vie de tous les jours : L’éco-citoyen trie ses déchets, économise l’énergie, protège la nature et consomme de façon responsable. Il s’informe sur les bonnes pratiques à accomplir, sensibilise son entourage aux éco-gestes et essaie de faire évoluer les mentalités et de faire changer les comportements. “
– National Sustainable Development Strategy, 2017, p. 45
Dans les supports spécifiquement pédagogiques, le Maroc recourt généralement à la terminologie de « l’environnement » ou, plus récemment, du « développement durable » .Par exemple, l’article 8 (Éducation et formation) de la loi-cadre 99-12 portant Charte nationale de l’environnement et du développement durable (2014)prévoit que, « Conformément aux dispositions de la présente Charte, l’éducation doit se faire par des programmes de sensibilisation, par un cursus académique approprié, et par la formation en matière d’environnement et de développement durable » (p. 4). De plus, la Charte nationale de la réforme de l’éducation et de la formation (2000) et le Cadre national des programmes scolaires (le Livre blanc ; 2002) utilisent « éducation environnementale » comme terme générique pour les questions liées à l’éducation au changement climatique dans le cadre des sciences sociales.
Dans les rapports des Nations Unies sur la communication et l’éducation au changement climatique, le Maroc a adopté les termes « adaptation » et actions permettant de renforcer la « résilience ». Par exemple, les Contributions déterminées au niveau national de 2016 précisent que : « Le Maroc s’engage à restaurer les écosystèmes et à renforcer leur résilience, [… à travers] la protection du patrimoine naturel, de la biodiversité, des forêts et des ressources halieutiques » (p.27).
Le Maroc a également adopté les termes d’ « action pour l’autonomisation climatique » (AAC) utilisé dans la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, notamment en ce qui concerne la sensibilisation, l’accès à l’information, la formation et le renforcement des capacités. Par exemple, la 3èmeCommunication nationale (2016) souligne que :
“La lutte contre le changement climatique dépend de tous : individus, collectivités, groupes d’intérêt, entreprises publiques et privées, décideurs locaux et nationaux. De ce fait, il est nécessaire d’intensifier les efforts de sensibilisation en facilitant l’accès à l’information, en organisant des ateliers de formation, en déployant une campagne de communication à grande échelle (médias de masse ou médias sociaux), entre autres, et de renforcer les capacités des différents acteurs pour assoir les compétences nécessaires à une meilleure adaptation au changement climatique et une atténuation plus efficace de ses impacts. “
– 3ème Communication nationale, 2016, p.81
V) Budget alloué à la communication et à l’éducation au changement climatique
En 2020, le budget de fonctionnement du Ministère de l’éducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique était de US$6,8 milliards (Dh65 milliards), contre US$6,5 milliards (Dh62 milliards) en 2019, selon le Ministère de l’économie et des finances. Cependant, aucune information concernant l’allocation budgétaire nationale spécifique pour la communication et l’éducation au changement climatique n’est accessible au public.
Les Contributions déterminées au niveau national du Maroc (2016) prévoient qu’entre 2020 et 2030, la mise en œuvre du programme d’adaptation coûtera au minimum US$35 milliards pour les secteurs les plus vulnérables au climat ; à savoir les eaux et forêts et l’agriculture. Le Guide d’Accès à la Finance Climat du Ministère de l’énergie, des mines et du développement durable (2019) détaille l’engagement du Maroc dans la lutte contre le changement climatique. Il décrit la méthodologie utilisée pour identifier les projets territoriaux éligibles au financement climatique et donne un aperçu des différentes possibilités de financement existantes.
L’amélioration de l’accès au financement est un axe majeur de la Politique du changement climatique au Maroc, par laquelle il a développé un programme stratégique avec le Fonds vert pour le climat qui se compose d’un portefeuille de 18 projets d’adaptation couvrant une multitude de secteurs prioritaires.
EDUCATION ET FORMATION AU CHANGEMENT CLIMATIQUE DANS LE PAYS
I) Le changement climatique dans l’enseignement préscolaire, primaire et secondaire
L’éducation environnementale est enseignée directement à tous les niveaux du système éducatif marocain, et l’éducation au changement climatique est encouragée à travers une gamme de sujets et d’activités. Une description des types de mots-clés liés au changement climatique abordés dans les programmes d’études est fournie dans la section de ce profilconsacrée au suivi MECCE du projet.
Le Livre blanc (2002) préconise que les thèmes relatifs à l’environnement soient abordés dès les premières années de l’enseignement préprimaire et jusqu’à la dernière année de l’enseignement secondaire. Bien que l’éducation au changement climatique ne soit pas toujours explicitement mentionnée parmi ces sujets, la responsabilité environnementale y figure systématiquement. Par exemple, au niveau préprimaire, il est prévu que les cours de langue arabe comportent « la visite d’un zoo, la préservation des plantes et la connaissance de certains oiseaux » (Livre blanc, 2002, p.14).
Selon le Guide pédagogique pour l’enseignement primaire publié au niveau national, les sujets d’éducation environnementale et écologique sont abordés tout au long des années primaires dans des matières telles que l’éducation islamique, la langue arabe, les activités scientifiques , et les sciences sociales. Il n’est pas fait explicitement référence au changement climatique dans ces sujets, mais des thèmes connexes tels que la rareté et la préservation de l’eau, la protection de l’environnement, la pollution et la désertification sont traités.
Le Livre blanc, dans sa 3ème partie (2002) consacrée au premier cycle du secondaire précise que les apprenants ont de nombreuses compétences liées à l’éducation au changement climatique. Dans le cadre de l’éducation islamique, certaines questions relatives à l’environnement sont également prises en compte. Dans le cadre de l’enseignement de la langue arabe, les écoles sont tenues d’utiliser des textes traitant de sujets tels que la sécheresse et l’environnement ; les cours de géographie comprennent un volet consacré aux ressources naturelles ; et les cours de sciences de la vie et de la terre abordent plus explicitement les questions de changement climatique et de pollution atmosphérique.
Au-delà du programme scolaire, le gouvernement marocain offre d’autres opportunités aux écoles et aux étudiants de s’engager dans l’apprentissage de thèmes environnementaux qui comportent parfois des éléments d’éducation au changement climatique. Par exemple le Ministère de l’éducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique s’emploie à promouvoir une culture civique environnementale dans les écoles à travers des programmes locaux et régionaux qui abordent des questions environnementales. On peut citer le projet « Un élève, un arbre, une école, une forêt », dans le cadre duquel environ 6 millions d’élèves ont semé des graines et planté des boutures sur le terrain de leur école et dans les zones environnantes. Les activités pédagogiques telles que des ateliers sensibilisant les élèves à la valeur des forêts, des plantations et des espaces verts sont proposées avant et après chaque séance de plantation. Par ailleurs, le Ministère de l’éducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique collabore avec la Fondation Mohammed VI pour la Protection de l’Environnement et proposeun programme nommé Eco-Ecoles.Le programme Eco-Ecoles (un programme international de la Fondation pour l’éducation à l’environnement) encourage les jeunes à s’engager pour l’environnement à travers l’action climatique. Par exemple, le programme sensibilise les étudiants aux principes écologiques positifs en matière de gestion de l’eau, de l’énergie et des déchets.
La Fondation Mohammed VI pour la protection de l’environnement, en partenariat avec le Ministère de l’Education Nationale, a mis en œuvre en 2020 un nouveau projet : le Programme « Global Schools ». Il s’agit d’un projet du Réseau de solutions pour le développement durable-Jeunes des Nations Unies (SDSN-Youth) à l’appui du Programme d’action global de l’UNESCO pour l’éducation au développement durable (PAG-EDD). Le Programme Global Schools vise à transformer les environnements d’apprentissage à l’échelle mondiale et à faire des écoles des pôles d’éducation et de leadership sur les objectifs de développement durable. Le projet vise à donner aux étudiants les moyens de donner la priorité au développement durable dans leurs modes de vie, leurs comportements, leur éducation et leur carrière. Le Programme Global Schools est en phase pilote au Maroc, au Ghana et en Turquie. Un rapport général sur les résultats et l’avancement de l’étude pilote, ainsi qu’un rapport final plus détaillé propre à chaque pays (2021) ont été officiellement publiés en lien avec la Conférence mondiale de l’UNESCO sur l’EDD. Au niveau national, la Fondation Mohammed VI pour la Protection de l’Environnement, à travers son entité académique le Centre International Hassan II de Formation à l’Environnement , a réuni des acteurs majeurs pour lancer la phase pilote, notamment le Ministère de l’éducation Nationale qui est également membre du comité consultatif supérieur de la Mission 4,7 visant à renforcer trois concepts internationaux (objectifs de développement durable, compétences du 21ème siècle, citoyenneté mondiale) dans les programmes nationaux.
Depuis 2002, le Ministère marocain de l’éducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique collabore avec la Fondation Mohammed VI pour la protection de l’environnement dans le cadre du programme Jeunes Reporters pour l’Environnement (JRE). Géré par la Fondation pour l’éducation à l’environnement, le JRE est un réseau mondial primé de jeunes passionnés qui remettent en question le statu quo en pratiquant un journalisme socio-écologique engageant et créatif ; ce prgoramme est actif dans 34 pays. La 19ème édition du concours JRE (2020/2021) invite les collégiens et lycéens marocains à écrire sur les thèmes de la biodiversité terrestre et marine ; il a abouti à la sélection de 20 ouvrages primés au niveau national.
De nombreux acteurs non étatiques prennent également part aux initiatives liées à l’éducation au changement climatique. Par exemple, Care Maroc a adopté le changement climatique et la résilience comme thème transversal de travail depuis 2007. Aujourd’hui, CARE Maroc a intégré le changement climatique et la résilience dans tous ses programmes. Au sein de leurs programmes d’éducation préscolaire, les écoles participantes créent des jardins pédagogiques et utilisent des objets recyclés lors de leurs activités pédagogiques. De plus, les projets d’éducation préscolaire de CARE Maroc encouragent la résilience climatique, notamment en offrant une formation aux administrateurs, aux gestionnaires et aux propriétaires d’écoles maternelles, ce qui leur a permis d’augmenter leurs revenus et leur capacité à mieux résister aux risques économiques.
Les Contributions déterminées au niveau national du Maroc (2016) visent à assurer le « La mise en place de cursus académiques spécialisés en risques climatiques et en changement climatique dans les institutions de formation et d’enseignement. » (p. 37).
III) Le changement climatique dans l’enseignement supérieur
Certaines initiatives ont été prises au Maroc pour améliorer la formation des enseignants en termes d’éducation au changement climatique, cependant, il reste encore beaucoup à faire.
Selon le Rapport analytique sur la mise en œuvre de la Charte nationale d’éducation et de formation (2014), une proportion substantielle d’enseignants dans les écoles marocaines manque de qualifications académiques adéquates et de préparation face aux défis d’une société en mutation. Cela est dû en partie au fait que la Charte ne donne pas la priorité à un volet de formation continue des enseignants.
Créée en 1994, l’Association des Enseignants des Sciences de la Vie et de la Terre du Maroc est un réseau de développement et d’éducation qui regroupe 39 départements et 18 Centres d’éducation à l’environnement. L’Association a été conçue pour contribuer à la construction d’une société moderne et solidaire suivant les principes et les valeurs de l’éducation à l’environnement. Ses activités incluent la formation des enseignants, en particulier les responsables des clubs d’environnement scolaires. L’Association est membre du Collège de la société civile (CSC), qui vise à favoriser la sensibilisation aux menaces liées au changement climatique et à intégrer le changement climatique dans les politiques publiques afin de favoriser les changements de comportement des citoyens marocains.
La Fondation Mohammed VI pour la protection de l’environnement organise de nombreux événements et offre des possibilités de formation aux enseignants. Par exemple, en 2012, dans le cadre des préparatifs de Rio+20, la Fondation Mohammed VI pour la protection de l’environnement a organisé un forum participatif à l’occasion des 10 ans du programme « Jeunes reporters pour l’environnement », programme international porté par la Fondation pour l’éducation à l’environnement (FEE). Ce forum a réuni les lauréats du programme Jeunes Reporters pour l’Environnement, des professeurs, des représentants des médias, des représentants de la société civile et des associations professionnelles des secteurs public et privé, et a abordé les thèmes promus par les Nations Unies de l’Éducation et de la Sensibilisation à une Consommation Responsable. Les recommandations du forum comprenaient notamment le développement de programmes de formation pour les enseignants et éducateurs marocains afin de les doter des compétences nécessaires pour intégrer des sujets liés à la protection de l’environnement comme sous-ensemble de l’éducation au changement climatique. Cependant, on ignore encore si des mesures ont été prises pour donner suite à ces recommandations. De plus, la Fondation, dans son Centre international Hassan II de formation à l’environnement, propose des programmes de formation, tels que des ateliers, des webinaires et des réunions, aux enseignants.
III) Le changement climatique dans l’enseignement supérieur
Malgré un manque d’orientation stratégique visant à intégrer l’éducation au climat dans l’enseignement supérieur marocain, un certain nombre d’institutions s’engagent dans l’éducation à l’environnement et au changement climatique. La 3ème Communication nationale mentionne que « Les travaux de recherche dans le domaine du changement climatique, aussi bien pour le volet atténuation que celui de la vulnérabilité & adaptation, sont menés par […] les universités et les écoles d’ingénieurs » (2016, p.195).
Si un passa en revue des programmes universitaires indique que l’éducation au changement climatique est rarement mentionnée dans les titres des diplômes, une grande partie des programmes de licence, de maîtrise et de doctorat comprennent du contenu lié au changement climatique, notamment grâce à des programmes axés sur la protection de l’environnement et des ressources naturelles. Par exemple, il existe une Licence « Eau et environnement » délivrée par l’université Cady Ayyad de Marrakech ; un Master Environnement et Développement Durable dispensé par l’université Mohammed I à Oujda ; un Master en sciences de l’environnement de l’Université Abdelmalek Essaadi de Tanger ; un programme doctoral sur la conservation et la gestion de la biodiversité par l’Université Mohammed V de Rabat ; et un Master sur le changement climatique et le développement durable de l’Université Ibn Tofail à Kenitra. De plus, l’Université Al Akhawayn dans la ville d’Ifrane offre un espace de promotion de l’éducation au changement climatique à travers des clubs qui mettent l’accent sur les aspects sociaux du changement climatique et de la protection de l’environnement, en organisant notamment des campagnes de sensibilisation pour lutter contre l’utilisation des sacs en plastique ou pour encourager une utilisation efficace de l’énergie.
La Politique du Changement Climatique au Maroc (2014) vise à « Intégrer davantage la science et l’ingénierie du climat dans les cursus universitaires et les formations d’ingénieurs. » (p.23).
En mars 2021, le Réseau des universités vertes en Afrique a été lancé par le Centre International Hassan II de Formation à l’Environnement de la Fondation Mohammed VI pour la protection de l’environnement en partenariat avec le Programme des Nations Unies pour l’environnement. Le Centre international Hassan II de formation à l’environnement s’emploie à mettre en œuvre les concepts d’écologisation dans les universités africaines et au sein des réseaux de la jeunesse. Le Réseau repose sur trois piliers axés sur l’éducation, la formation et la mise en réseau, et il vise à promouvoir l’intégration de questions environnementales et de développement durable dans l’enseignement et la recherche. Parallèlement, des efforts sont déployés par la Fondation Mohammed VI pour la protection de l’environnement afin de renforcer l’implication sociétale des étudiants et des jeunes, les incitant à plus contribuer à la mise en œuvre d’activités dans le cadre du développement durable. Le Réseau des Universités vertes d’Afrique et la Plateforme de la Jeunesse Africaine pour le Climat, également animés par le Centre international Hassan II de formation à l’environnement et lancé en 2019, rassemble 20 universités de 7 pays africains (Maroc, Tunisie, Sénégal, Côte d’Ivoire, Comores, Kenya et Mauritanie).
IV) Le changement climatique dans la formation et l’éducation des adultes
La formation et l’apprentissage des adultes en matière de changement climatique font l’objet de nombreuses initiatives au Maroc. Dans le Plan Climat National à l’horizon 2030 la mesure 5.1.1 prévoit de« Former les enseignants à la problématique du changement climatique et ses enjeux nationaux et mondiaux » (p.75).
La Politique du Changement Climatique au Maroc souligne l’importance de « former les acteurs publics pour qu’ils s’approprient la vision, les concepts et l’approche intégrée de la lutte contre les [changements climatiques] et qu’ils intègrent les éléments du régime international sur le climat. » (2014, p.23). La Politique vise également à « Renforcer les capacités humaines et techniques des acteurs du 4C en matière d’outils de statistique et de modélisation performants pour mieux réaliser les missions de suivi et de prospective climatique et d’établissement des projections d’émissions tendancielles des GES au niveau sectoriel. » (p.23).
Le Centre de Compétence Changement Climatique (4C Maroc) est une plateforme nationale de dialogue et de renforcement des capacités des différents acteurs sur le changement climatique. Le 4C Maroc dispose d’un catalogue de formations et il est également en mesure de proposer des formations à la demande adaptées aux besoins des bénéficiaires. Par exemple, le 4C Maroc a été particulièrement actif dans le renforcement des capacités en matière de finance climatique. Dans le cadre d’une convention entre l’Institut des Finances et le 4C Maroc, les secteurs financier et public marocains ont été ciblés par des formations en 2017 En 2018, une convention entre la Confédération générale des entreprises du Maroc et le 4C Maroc a permis de dérouler 5 ateliers régionaux « Entreprises et Changement Climatique » qui ont bénéficié à une cinquantaine d’entreprises marocaines. Par ailleurs, la Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM) a également mis en place l’initiative « Entreprises Climat Maroc » qui vise à intégrer les risques et opportunités climatiques dans les plans de développement des entreprises marocaines.
Certaines organisations organisent également des ateliers sur la finance climatique internationale au niveau national et international. Par exemple, dans le cadre d’un programme de coopération franco-marocain, le gouvernement marocain et l’Union européenne ont lancé en 2016 les Instituts de formation aux métiers des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique, implantés à Oujda, Tanger et Ouarzazate. Les instituts travaillent sur les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique, notamment pour répondre aux besoins croissants en personnel qui sont apparus avec le développement des parcs éoliens et des centrales solaires. Ces établissements devraient permettre de former chaque année 1 500 nouveaux techniciens spécialisés dans de nombreux secteurs liés aux énergies renouvelables. En outre, les instituts prévoient une série de webinaires dans le cadre de la COP26, conçus pour accompagner les acteurs non étatiques marocains, en particulier dans le secteur privé, dans la transition vers une économie sobre en carbone et une meilleure résilience au changement climatique.
Dans le sud du Maroc, plus de 100 vendeurs ambulants de la région de Guelmim ont bénéficié d’un projet qui vise à modifier les comportements et à sensibiliser à l’importance de la protection de l’environnement, y compris le changement climatique en utilisant des véhicules plus économes en énergie. Ce projet consiste en des formations conduites par l’Association des Enseignants des Sciences de la Vie et de la Terre du Maroc en partenariat avecl’Initiative Nationale pour le Développement Humain de Guelmim.
En 2021, la Fondation Mohammed VI pour la protection de l’environnement a lancé un outil pédagogique nommé «Laboratoires territoriaux de formation à l’environnement ». Le projet a pour objectif d’étendre le Centre international Hassan II de formation à l’environnement dans 12 régions du Maroc. Ces laboratoires sont destinés à renforcer l’adoption de l’EDD grâce à une éducation de proximité dans le cadre d’un programme complet axé sur le renforcement des capacités, les sessions de formation et les interventions d’urgence dans plusieurs domaines thématiques, notamment la biodiversité, le changement climatique, la pollution, les océans, les jardins et les parcs.
Enfin, la 3ème Communication Nationale souligne que :
“L’une des préoccupations majeures du Plan Maroc Vert (2008) réside dans la gestion durable de l’environnement et des ressources naturelles et l’intégration des considérations liées au changement climatique. […] Les résultats obtenus sont également le fruit d’une série de sessions de formation sur l’agriculture de conservation et les techniques d’adaptation au changement climatique”
– 3ème Communication Nationale:, 2016, p.143
COMMUNICATION SUR LE CHANGEMENT CLIMATIQUE DANS LE PAYS
I) Changement climatique et sensibilisation du public
Certaines des politiques climatiques nationales du Maroc mentionnent des campagnes de sensibilisation du public. Par exemple, la Stratégie nationale de développement durable 2030 (2017) et la Loi-cadre 99-12 portant Charte nationale de l’environnement et du développement durable mettent l’accent sur le renforcement de l’écocitoyenneté et de l’action contre le changement climatique en sensibilisant l’ensemble des parties prenantes et des citoyens pour accompagner une transformation de la société.
Le Département de l’Environnement a lancé sa Stratégie de proximité en 2008 pour communiquer avec les partenaires locaux et les sensibiliser aux questions environnementales en réponse aux politiques gouvernementales axées sur le renforcement des capacités au niveau infranational. L’approche fondée sur le principe du partenariat est un pilier central de la Stratégie de proximité, dans laquelle les acteurs locaux mettent en œuvre des programmes visant à améliorer la gestion des déchets liquides et solides, la préservation de la qualité de l’air, la prévention de la pollution industrielle, ainsi que la préservation et l’amélioration de la biodiversité, la sensibilisation et l’éducation aux questions environnementales.
L’AESVT Maroc a créé un réseau de 18 Centres d’Éducation à l’Environnement et au Développement Durable en partenariat avec le Ministère de l’Éducation Nationale. Les Centres sont situés dans 18 villes du Maroc et sont consacrés à l’éducation, la formation et la sensibilisation aux questions environnementales territoriales, nationales et internationales dans le but de développer l’éco-citoyenneté.
Le Mouvement des Jeunes pour le Climat-Maroc a été créé en avril 2021 à la Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales de la ville de Mohammedia, lors de son assemblée générale constitutive. Le mouvement a pour but de sensibiliser au changement climatique en persuadant les décideurs d’adopter des politiques climatiques nationales réalistes et ambitieuses, et en renforçant la coopération internationale entre la jeunesse marocaine et mondiale. Le Mouvement cherche également à contribuer à l’éducation et à la mobilisation des jeunes face au changement climatique et aux catastrophes environnementales en mettant l’accent sur les transitions écologiques à travers la mise en œuvre de réponses ambitieuses aux conventions internationales.
Par ailleurs, diverses initiatives ont également été lancées par les écoles marocaines. Par exemple, l’Académie régionale de l’éducation et de la formation de Casablanca-Settat a lancé une initiative environnementale dans l’optique de planter 50 000 arbres sur les terrains entourant les écoles de la région d’ici 2017. L’inistiative, dont la devise est « Un arbre pour chaque élève », vise à permettre aux élèves de mieux comprendre les problèmes liés au changement climatique. Dans le cadre de l’initiative, chaque élève est chargé de prendre soin de l’arbre qu’il a planté tout au long de sa scolarité, ce qui lui donne la possibilité de suivre la croissance de l’arbre et lui apprend à prendre soin de l’environnement. Cette initiative a été lancée en partenariat avec le Haut-Commissariat aux eaux et forêts et à la lutte contre la désertification.
En 2017, la Princesse Lalla Hasnaa, Présidente de la Fondation Mohammed VI pour la protection de l’environnement a présidé la cérémonie de signature d’un protocole d’accord entre la Fondation et le secrétariat exécutif de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) pour établir une collaboration liée aux Eco-écoles entre les deux institutions. Le protocole prévoit une coopération entre les deux parties dans le cadre de la mise en œuvre de l’article 6 de la CCNUCC relatif à l’éducation, à la formation, à la sensibilisation du public, à l’accès du public à l’information et à la coopération internationale, ainsi qu’à la promotion, au développement et à la mise en œuvre de l’éducation et des programmes de formation axés sur le changement climatique.
En 2018, la Fondation Mohammed VI pour la protection de l’environnement a organisé un atelier régional sur l’action pour l’autonomisation climatique (ACE) en collaboration avec l’Organisation du monde islamique pour l’éducation, les sciences et la culture (ICESCO) à Rabat. Le symposium était intitulé « Utilisation du guide de l’Action pour l’Autonomisation Climatique » et visait à renforcer le rôle de la société civile dans les efforts de sensibilisation au changement climatique.
Par ailleurs, en 2019, lors du Sommet Action Climat du Secrétaire Général des Nations Unies, Son Altesse Royale la Princesse Lalla Hasnaa a lancé la Plateforme de la Jeunesse Africaine pour le Climat. Il s’agit d’une initiative pour les jeunes et par les jeunes qui a pour but d’offrir un espace positif d’échange et de soutien concret aux jeunes Africains pour développer des compétences et des connaissances entrepreneuriales. Dans le cadre de ses activités, elle a créé un Forum permettant d’identifier et de mettre en lumière les offres d’emplois verts et de formation pour les jeunes ; et de célébrer et de promouvoir les histoires, le leadership et l’innovation des jeunes, particulièrement dans un contexte de transitions justes. L’initiative, dont la première édition se déroule actuellement, s’apprête à lancer son premier module d’apprentissage en ligne sur l’éducation au climat.
La Charte nationale médias, environnement et développement durable (2017) est un projet de mobilisation et de coopération multilatérale qui vise à renforcer l’impact des médias nationaux en contribuant à relever les défis importants liés au changement climatique au Maroc. À titre d’exemple, une publicité télévisée sur la protection de la biodiversité est diffusée régulièrement à la télévision et à la radio nationales. En mai 2021, les médias nationaux ont accordé une attention particulière à la participation du Maroc à la Conférence mondiale de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) sur l’éducation au développement durable, où la princesse Lalla Hasnaa a déclaré : « Eduquer la jeunesse au respect de l’environnement, c’est croire à la promesse d’un monde nouveau plus harmonieux et durable ».
La 3ème Communication Nationale souligne que :
“L’insuffisance ou l’absence d’information, le manque de communication, de coordination et de concertation entre la multitude d’acteurs impliqués dans la gestion de l’environnement sont autant de facteurs qui empêchent l’émergence de solutions appropriées. […] il ne peut y avoir de préservation de l’environnement sans Stratégie Nationale d’éducation et de sensibilisation à l’environnement”
– 3ème Communication Nationale, 2016, p.201
Le Plan Climat National à l’horizon 2030 (2019) appelle à développer des programmes de sensibilisation du public liés à la gestion du changement climatique dans tous les secteurs tels que l’agriculture, les déchets biodégradables et les énergies renouvelables.
La Direction générale de la météorologie du Ministère de l’équipement, des transports, de la logistique et de l’eauorganise chaque année une Journée mondiale de la météorologie, qui, en 2021, avait pour thème « L’Océan, le Temps et le Climat ».
II) Changement climatique et accès public à l’information
L’accès du public à l’information est une obligation légale au Maroc. Selon l’article 27 de la Constitution marocaine(2011) « les citoyens ont le droit d’accéder à l’information détenue par l’administration publique, les institutions élues et les organismes investis d’une mission de service public ». Le Maroc a promulgué la loi-cadre 31.13 (2018) pour définir la portée du droit d’accès du public à l’information. De plus, la loi-cadre 99-12 portant Charte nationale de l’environnement et du développement durable (2014) renforce ce droit dans son article 3 en accordant à chaque citoyen le « d’accéder à l’information environnementale fiable et pertinente » (p.3).
Les éléments relatifs à l’accès du public à l’information dans le Plan climat national à l’horizon 2030 (2019) signalent qu’il est urgent de renforcer le système d’information du pays sur le climat et qu’il est nécessaire d’améliorer les ressources et de coordonner les outils d’information existants. Le Plan indique également que l’amélioration de ces outils permettrait un meilleur accès à l’information dans tous les secteurs, en particulier en ce qui concerne les alertes météorologiques.
Le Maroc dispose de plusieurs plateformes de partage d’informations sur le changement climatique. Le Système d’information régional de l’environnement et du développement durable est une plateforme de collecte, d’analyse, de gestion et de partage des données environnementales, y compris les données sur le changement climatique. Développée par le gouvernement marocain et pilotée par le Ministère de l’Environnement, la plateforme était en place dans 3 des 12 régions du Maroc et en cours de déploiement dans 9 autres lors de la réalisation de ce profil. De même, le Haut Commissariat au Plan compile et partage des statistiques environnementales pour faciliter l’accès et la compréhension de la situation environnementale du Maroc, notamment en ce qui concerne le changement climatique. Par ailleurs, le site web de 4C Maroc publie des données sur l’atténuation et l’adaptation à l’intention du public. Les données contribuent également à la concrétisation des politiques et des stratégies en permettant de mobiliser l’expertise nationale sur les questions climatiques et environnementales.
Comme indiqué dans la 3ème Communication nationale du pays, le Maroc reconnaît l’importance de l’accès à l’information et fait valoir qu’il est crucial de « communiquer et sensibiliser […] en mettant à la disposition des acteurs publics et privés, de manière compréhensible, les données sur les changements climatiques et les actions possibles à leur niveau » (2016, p.179).
III) Changement climatique et participation du public
Le Maroc dispose de plusieurs lois encadrant la participation du public aux prises de décision liées au changement climatique. L’article 3 de la Loi-cadre 99-12 portant Charte nationale de l’environnement et du développement durable(2014) souligne l’importance de la participation du public aux processus décisionnels en matière d’environnement. L’article met l’accent sur la participation de la société civile aux processus nationaux et internationaux relatifs au changement climatique. De même, l’article 2 de la Loi n°11-03 relative à la protection et à la mise en valeur de l’environnement (2003) prévoit que « La protection et la mise en valeur de l’environnement constituent une utilité publique et une responsabilité collective nécessitant la participation ».
La participation du public est principalement réalisée à travers le Centre de Compétence Changement Climatique (4C Maroc), un organisme d’intérêt public qui agit comme une plateforme de partage d’expertise et d’expérience internationale sur les questions d’action climatique. Le 4C Maroc a participé à l’élaboration d’un système de suivi, de notification et de vérification afin de superviser la mise en œuvre de la Contribution déterminée au niveau national en étroite concertation avec les autres initiatives engagées au Maroc.
Selon les termes de la 3ème Communication Nationale :
“Le Maroc dispose d’un dispositif institutionnel de gouvernance climatique nationale favorable à la concertation et à l’action. […] Il comprend un ensemble d’entités chargées des différents aspects de la politique climatique, […] notamment: un Comité National sur le Changement Climatique (CNCC) regroupant les représentants des principaux acteurs publics impliqués dans la problématique du changement climatique au Maroc, en sus de représentants du secteur privé et de la société civile.”
– 3ème Communication Nationale, 2016, p.79
SUIVI ET ÉVALUATION
I) Suivi au niveau national
Le suivi de la communication et de l’éducation au changement climatique au Maroc n’avait été confié à aucun Ministère ou agence en propre lors de la réalisation de ce profil. En revanche, diverses entités gouvernementales et organismes internationaux collectent des données pour assurer le suivi et le traitement des données sur le changement climatique dans le pays.
Le Plan National Climat à l’horizon 2030 mentionne le rôle de l’Observatoire national de l’environnement (ONEM) et de l’Observatoire régional de l’environnement et du développement durable (OREDD) dans le renforcement de la base de données environnementale nationale et régionale. Le Plan appelle également au renforcement des capacités humaines et techniques des acteurs du 4C pour ce qui est des outils statistiques et de modélisation afin d’assurer un meilleur suivi du climat. L’OREDD a lancé son 3e rapport sur l’état de l’environnement du Maroc en 2015. Celui-ci a été conçu de manière à intégrer les nouveaux développements au niveau national, régional et international.
Le Haut Commissariat au Plan (HCP) est l’autorité nationale en charge des statistiques, notamment celles qui ont trait à l’environnement. Le HCP a produit des recueils de statistiques environnementales en 2002 et 2006. Les recueils rendent compte des actions menées dans le pays contre le changement climatique, notant notamment que le Maroc a accueilli la COP7 en 2001, démontrant « l’engagement effectif du Maroc […] à faire de l’environnement l’une des composantes du développement durable. » (2006, p.13).
Le Laboratoire national de l’environnement et la Police nationale de l’environnement forment un dispositif de prévention et de surveillance environnementale.
Le Maroc a participé à l’Etude PISA 2018 sur les compétences mondiales. Le Maroc a obtenu un score inférieur à la moyenne de l’OCDE pour les questions liées aux problèmes mondiaux, dont fait partie le changement climatique.
Le Rapport sur le développement durable de 2021, qui suit les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) de 2030 pour tous les États membres de l’ONU, a classé le Maroc 69ème/165, avec un score global de 70.5. La performance du Maroc en ce qui concerne l’ODD13 (Action pour le climat) est “En bonne voie” et le rapport indique que le pays a atteint l’ODD. Le rapport indique en outre que des « défis demeurent » pour le pays dans la réalisation de l’ODD4 (Éducation de qualité), et que les progrès ont stagné en ce qui concerne cet ODD. Néanmoins, le rapport ne fait pas spécifiquement référence à l’éducation au changement climatique ou à l’éducation au développement durable.
La Direction générale de la météorologie relevant du Ministère de l’équipement, des transports, de la logistique et de l’eau suit et rend compte de divers paramètres, tels que les changements et tendances observés en matière de température et de précipitation, ainsi qu’un certain nombre d’indices du changement climatique. Cependant, lors de la réalisation de ce profil il n’a pas été possible de trouver d’informations de suivi sur les composantes liées à la communication ou à l’éducation en matière de changement climatique.
En outre, le Ministère de l’énergie, des mines et de l’environnement a développé le Système National d’Inventaire des émissions des Gaz à Effet de Serre (SNI-GES), qui joue un rôle clé dans le suivi des données relatives au changement climatique dans le pays, mais n’assure pas le suivi de la communication ou de l’éducation en matière de changement climatique.
II) Suivi de projet MECCE
Le Projet de suivi et d’évaluation de la communication et de l’éducation au climat (MECCE) a évalué la Vision stratégique de la réforme (PSE) du Maroc publiée en 2015, et ses Cadres curriculaires nationaux (CCN) en relevant les références au « changement climatique », au « développement durable », à la « biodiversité » et à « l’environnement .’
Les Cadres curriculaires nationaux (CCN) du Maroc sont des documents relativement datés, publiés entre 2000 et 2005, et ils ne font pas explicitement référence au changement climatique. Au lieu de cela, le CCN met l’accent sur la protection et la mise en valeur de l’environnement (55 références), peu de références au développement durable (3 mentions) et aucune référence à la biodiversité.
La Vision stratégique de la réforme (2015-2030), le Plan Sectoriel Education (PSE) du pays, ne mentionne pas le changement climatique, et ne mentionne pas l’environnement naturel ou la biodiversité. Le développement durable est mentionné deux fois.
Cette section sera mise à jour au fur et à mesure du développement du projet MECCE.
Ce profil a été revu par :
Khallafi Kenza, Chargé de Partenariat – Fondation Mohammed VI pour la Protection de l’Environnement
Farjia Ismail, Directrice exécutive junior – Fondation Mohammed VI pour la protection de l’environnement
Rachdi Zainab, coordinateur du réseau Universités vertes africaines et éducation des jeunes / coordinateur national des laboratoires territoriaux de formation à l’environnement – Fondation Mohammed VI pour la protection de l’environnement
Khodary Meryem, Responsable des programmes Jeunes reporters pour l’environnement et Global Schools – Fondation Mohammed VI pour la protection de l’environnement